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Pour la première fois, l’Aslog, qui fédère plus de 2000 acteurs de la logistique en France, sur l’ensemble du territoire, a décidé de s’intéresser aux collectivités locales et à leur position sur la logistique urbaine.

Cette étude qui découle d’entretiens et enquêtes auprès de pas moins de 50 collectivités locales sur l’ensemble du territoire, permet de mieux comprendre à la fois la perception de la logistique urbaine par les collectivités locales, les problèmes rencontrés, mais aussi les projets en cours.

Plusieurs constatations dans cette étude peuvent être établies.

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Quand nous parlons du dernier kilomètre et d’environnement, tous les voyants virent au rouge. L’e-commerce génère de plus en plus de colis, livrés de façon anarchique dans les villes, souvent avec des stationnements en double-file. Les magasins sont livrés de plus en plus fréquemment, du fait du cross-canal, mais aussi d’une gestion plus optimale des surfaces de ventes et des stocks. Les repas sont livrés par une myriade de vélos et scooters roulant de plus en plus vite, trop souvent sans respecter les règles de sécurité de base. Les sites internet nous proposent des livraisons en 1 ou 2 heures, effectuées par des coursiers, le plus souvent motorisés. Les livraisons à domicile connaissent une croissance exponentielle.

Ces flux ne sont pas tous nouveaux. Ainsi, les livraisons à domicile existent depuis fort longtemps. Les grands magasins en faisaient déjà au 19ème siècle un de leurs arguments de vente, ceci bien avant l’invention du marketing.

Mais leur développement rapide perturbe les schémas en place dans les villes et l’organisation de la mobilité des marchandises.

Pourtant, d’autres nouvelles nous semblent aller dans le bon sens, au moins sur le plan environnemental. Sur le plan culturel ou affectif, cela semble moins sûr. Elles concernent en fait principalement la réduction de certains flux transportés, et donc le nombre de véhicules sur la route.

Le premier segment touché par l’économie numérique est le courrier. Son déclin de 7% par an participe à la réduction des flux de véhicules dans les agglomérations. Il en est de même pour les autres produits progressivement dématérialisés, la musique, les cassettes vidéo, les livres, les journaux, la photo, les archives et autres documents papier… Autant de secteurs qui évoluent profondément et qui tendent à disparaître sur le plan matériel. Si nous voyons avec tristesse disparaître livres, disques et journaux, réconfortons-nous en pensant aux arbres économisés et aux camions en moins sur nos routes ! Nous pleurons probablement moins la disparition des relevés de banque et les avis d’imposition !

Mais la réduction des volumes transportés ne s’arrête pas là. Les progrès technologiques permettent de réduire sensiblement les emballages. C’est ainsi le choix fait par Cdiscount en équipant ses entrepôts de la toute nouvelle machine d’emballage CVP-500 de Neopost, qui découpe et ajuste le carton de tous les côtés afin de réduire le volume du colis transporté. Cette machine d’emballage a été récemment primée au Prix Stratégies Logistique de l’innovation durable.

Dans d’autres domaines, le développement progressif des imprimantes 3D permet de réduire le transport de certaines pièces, fabriquées localement. Les applications actuelles des imprimantes 3D se retrouvent actuellement dans de nombreux secteurs tels l’automobile, la plasturgie, l’aérospatiale, l’électronique, le médical. La croissance du marché des imprimantes 3D est de 70% par an. En 2016, il s’est vendu dans le monde 278 000 imprimantes 3D de bureau et 12500 machines industrielles. En mai prochain aura d’ailleurs lieu le premier salon de la fabrication additive à Paris.

Ces 3 exemples montrent que les principaux axes de progrès afin de réduire le nombre de produits transportés sont la dématérialisation, la mécanisation permettant de réduire les volumes des emballages, la fabrication additive permettant de réaliser sur place les produits nécessaires et de ne transporter que des matières premières.

L’impact du progrès technologique sur l’environnement est alors une réalité !

Il y a seulement quelques mois, cette annonce nous aurait semblée dénuée de tout sens. Otto, filiale d’Uber, vient d’annoncer qu’un premier véhicule autonome de livraison a été mis en service, à titre expérimental, dans le Colorado. Bien sûr, le trajet « autonome » est à ce jour limité à un parcours autoroutier, donc avec moins de contraintes qu’en milieu urbain.

Véhicule de livraison autonome Otto

Véhicule de livraison autonome Otto

Le progrès technologique des véhicules de livraison autonomes permettra, d’après le concepteur, d’apporter une réponse à la carence de conducteurs présente aux Etats-Unis. Un des objectifs, au demeurant tout à fait intéressant, est de participer à la réduction de l’accidentologie.

Cette expérience prometteuse n’est pas la seule, même si la présence d’Uber apporte un caractère médiatique à cet essai emblématique. Daimler avait déjà testé l’an passé un véhicule poids lourd autonome sur des autoroutes du Nevada.

Le modèle testé aux Etats-Unis, mais aussi au Japon, concerne des véhicules poids-lourds et des livraisons massifiées.

Un autre modèle tout à fait innovant a été annoncé en test dès début 2017 au Japon. Il s’agit d’un véhicule de livraison de colis autonome en milieu urbain. Ce véhicule cible prioritairement la livraison de colis B to C.   Son aménagement surprend avec de part et d’autre un ensemble de consignes automatiques même si le véhicule lui-même semble semblable à tout autre véhicule utilitaire léger. Le véhicule électrique se déplace vers un e-marchand qui insère les colis dans les consignes. Puis le véhicule, comme un véhicule de livraison ordinaire, se dirige vers les différents clients. Les clients sont avertis par SMS et disposent d’un code permettant de récupérer leur colis et d’un temps maximum.

Véhicule autonome de livraison Yamato

Véhicule autonome de livraison Yamato

Ce modèle, imaginé par Yamato, semble également intéresser Google, qui a déposé en février 2016 un brevet de véhicule de livraison autonome conçu avec le même principe d’ensemble de consignes automatiques disposées sur un véhicule. Ce brevet de Google, dénommé « autonomous delivery platform », semble basé sur les mêmes technologies que celles de la voiture autonome Google car.

Brevet du véhicule de livraison autonome Google

Brevet du véhicule de livraison autonome Google

Le brevet de Google prévoit que le véhicule puisse avertir directement le destinataire de l’arrivée prochaine de sa livraison afin que celui-ci puisse se préparer à collecter son colis au droit du véhicule.

Avec une vision différente et tout aussi futuriste, l’entreprise Ideo a imaginé un véhicule autonome de livraison transparent, le Cody. Ce véhicule est doté d’un automatisme permettant de choisir les meilleurs itinéraires et d’un bras permettant de collecter et mettre à disposition les colis.

Véhicule autonome de livraison Cody

Véhicule autonome de livraison Cody

Au-delà des prouesses technologiques que représenteraient ces nouveaux véhicules, il est intéressant d’imaginer les conséquences que pourraient avoir dans l’avenir le déploiement de tels véhicules dans les villes, sur le plan de la logistique urbaine.

Je vois au moins 3 effets qui pourraient modifier notre façon d’appréhender ce type de véhicules.

Tout d’abord, le coût de la livraison devrait en être impacté. En effet, si le véhicule est chargé chez un e-marchand de proximité, et se déplace tout seul vers les clients, sont alors évités :

  • Une rupture de charge habituellement présente dans la chaîne du transport
  • Les kilomètres liés à cette rupture de charge
  • Le coût du personnel conduisant le véhicule et livrant les colis

Il s’agit donc probablement 20 à 30% d’économie voire plus sur le coût du dernier kilomètre. Il y a donc là un impact majeur qui motive vraisemblablement les concepteurs de ces projets.

Sur le plan environnemental, nous pouvons imaginer que ces véhicules électriques optimisent totalement les livraisons en en massifiant les positions. Ainsi, un e-marchand de proximité (ou magasin physique) charge au même endroit les 20,30 ou 50 cases du véhicule. Ce véhicule se déplace vers un quartier dense ou un grand immeuble tertiaire et, durant un créneau donné, les clients avertis vont chercher leurs colis. Il s’agit donc là d’une consigne déplaçable vers le client permettant ainsi la massification des flux et l’accessibilité.

L’impact environnemental peut être perturbé par le modèle et l’optimisation du véhicules. Les premières images présentent des véhicules avec très peu de cases donc une optimisation assez faible. Mais il est probable que ces premières modélisations seront par la suite optimisées afin de contenir 50 ou 80 positions, soit autant casiers.

Sur le plan du service au consommateur, il s’agit bien de livrer des colis au plus près du consommateur, mais idéalement à des emplacements pré-affectés et disponibles. Le consommateur se déplace durant un créneau qu’il a lui-même choisi et peut donc récupérer son colis. Nous pouvons également imaginer que ces consignes lui permettront de retourner des colis et peut-être d’en expédier afin de mieux optimiser les parcours et les véhicules.

Derrière le véhicule autonome de livraison apparaît ainsi un vaste champ d’opportunités pour la logistique urbaine et la livraison de colis. Un camion autonome peut donc en cacher un autre…