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bureau de villeLes bureaux de ville constituaient, pendant des décennies, un maillon essentiel du fonctionnement de la logistique dans Paris.

La réglementation définit d’ailleurs de façon précise la mission d’un bureau de ville : le commissionnaire prend en charge des colis ou des expéditions de détail et les remet séparément soit à des transporteurs publics, soit à d’autres commissionnaires.

Dans les années 1930, il était dénombré à l’intérieur de Paris environ 80 bureaux de ville privés. Ils avaient précisément comme rôle de collecter les colis provenant des expéditeurs, produire les documents d’expédition, peser les colis, percevoir le montant du transport et acheminer les colis vers les gares de marchandises. Ces marchandises étaient ensuite acheminées à destination par chemin de fer. Le rôle des bureaux de ville était en sens inverse de distribuer dans Paris des marchandises provenant de la province et acheminées par fer.

Progressivement, ceux-ci ont disparu et ce maillon intermédiaire, a lui aussi quasiment disparu. Le Sernam, qui était un acteur essentiel dans ce dispositif, a suivi la même évolution.

Depuis quelques années, les intervenants professionnels et publics, notamment la Ville de Paris, souhaitent favoriser la création de « bureaux de ville ». En effet, ces points locaux, situés dans quartiers de Paris, peuvent jouer un rôle important dans l’amélioration de la distribution des marchandises, notamment dans la situation que nous connaissons de développement des flux de colis du fait de la croissance de l’e-commerce.

Ils permettent en effet une massification des flux. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les quelques installations aujourd’hui opérationnelles sont situées dans un quartier générateur de flux BtoB, le Sentier.

La récente charte en faveur d’une logistique urbaine durable dont l’initiative revient à la Ville de Paris envisage d’ailleurs clairement le retour de ces installations. Elle mentionne qu’il s’agit de locaux de petites dimensions qui permettent de grouper et distribuer sur place des marchandises aux clients, ainsi que d’enlever des colis et plis apportés par l’expéditeur lui-même. Ce type d’équipement trouve toute sa pertinence à l’échelle d’un quartier.

Ces « bureaux de ville » pourront ainsi à nouveau trouver leur place dans l’organisation logistique de Paris, en complément des centres de distribution urbaine et des points relais.

La logistique urbaine n’a pas fini de rechercher des solutions pertinentes dans l’histoire !

Parmi tous les anniversaires qui marqueront cette année 2014, il me semble que nous devrions nous rappeler ce qui a été fait et imaginé il y a 50 ans en région parisienne.

Un homme est à cette période au cœur de tous les grands projets d’urbanisme de l’Ile de France, dont certains concernent très étroitement le sujet de la distribution des marchandises et de la logistique, Paul Delouvrier.

Mais qui était Paul Delouvrier ?delouvrier

Nommé délégué général au district de la région de Paris, il était un visionnaire et à l’origine des plus grands travaux réalisés en Ile de France depuis Haussmann. Il était à de Gaulle et Pompidou ce que Haussmann était à Napoléon III.

Ces travaux étaient basés sur une évolution démographique très importante. Il estimait que l’Ile de France aurait 14 millions d’habitants en 2000 (elle n’en avait heureusement que 12…) et que l’Etat devait donc réaliser les infrastructures nécessaires pour les besoins de cette population. La France avait à cette époque 40 millions d’habitants et l’Ile de France 8 millions. Cette évolution nécessitait donc de voir grand.

Paul Delouvrier aimait d’ailleurs citer un ministre de Louis XV qui disait : « Il est toujours risqué de prévoir ; mais, quand on prévoit, il est moins risqué de prévoir grand que de prévoir petit« .

Il a donc prévu grand : des villes nouvelles (c’est lui !), le RER (c’est encore lui), le boulevard périphérique (c’est lui et juste avant lui en 1959, peut-être pas à 70 km/h…), les voies express (qui deviennent progressivement piétonnes), le schéma directeur d’aménagement de la région de Paris (il y a cinquante ans… 1964), la prolongation des lignes de métro, … En ce qui nous concerne, Paul Delouvrier était au cœur des grands projets que nous appelons maintenant de « logistique urbaine » : le transfert du marché de gros des Halles à Rungis en 1969 (le transfert des abattoirs de La Villette s’est fait un peu plus tard, d’ailleurs dans conditions particulières), la création des gares routières : Garonor (au nord) et la Société de la gare routière de Rungis- Sogaris- au sud (1967).

En fait, Paul Delouvrier était, il y a 50 ans, l’inventeur du Grand Paris que nous essayons de construire aujourd’hui, ses réseaux de transport, ses infrastructures logistiques, ses pôles urbains (rappelons-nous les débats sur la distance de ces villes nouvelles du cœur urbain de Paris).

La logistique urbaine et ses contraintes pour les décennies à venir nécessiteront des décisions, des plans, des choix de priorités. Mais l’enjeu est de taille. Alors relisons les travaux de Paul Delouvrier ! Nous y trouverons certainement des clés pour aller plus loin dans la démarche de logistique urbaine.

Jules VerneEn cette période de vœux et d’approche des élections municipales, la logistique urbaine n’est pas de reste.

Notre Panthéon de la logistique urbaine, qui a récemment accueilli l’extraordinaire architecte Herctor Horeau et le bon roi Louis le Gros, mérite, en ce début d’année, d’être enrichi d’une nouvelle figure. Pour commencer l’année de façon grandiose, j’ai choisi Jules Verne.

Notre infatigable voyageur, sous les mers, dans les airs et sous terre, s’est-il tant que cela intéressé à la ville ? La logistique urbaine est-elle un voyage extraordinaire ? Après les drones d’Amazon, allons-nous effectuer les livraisons en ballon ?

Pas tout à fait, mais presque….

En 1863, Jules Verne a imaginé, dans son livre « Paris au XX ème siècle », ce qu’aurait pu être notre capitale 100 ans plus tard, donc en 1960. Ironie de l’histoire (de la logistique urbaine…), l’éditeur de Jules Verne a refusé le livre, trop décalé et par manque d’intérêt…

54 ans après la date projetée de 1960, comment pouvons-nous interpréter l’imaginaire savoureux de Jules Verne ?

Dans ce livre, nous découvrons, qu’en 1960, Un grand canal de 140 km, reliant Rouen à Paris, permettra de transformer Paris en port maritime autour d’une gigantesque infrastructure, le Port de Grenelle ! Nous découvrons que ce canal sera doublé d’une voie ferrée (nous nous situons évidemment à la grande époque des chemins de fer…).  Même si Paris n’est pas un port maritime, nous constatons aujourd’hui que les initiatives vertueuses d’utilisation de la Seine pour la distribution du centre de Paris se multiplient.

Jules Verne a imaginé 4 cercles ferroviaires concentriques autour de Paris. 150 ans après, ces quatre cercles ont bien été réalisés, mais sont routiers ou autoroutiers.

Mais Jules Verne s’intéresse également à la réglementation. Il imagine qu’en 1960 : « Les moyens de transport étaient dans les rues moins encombrées qu’autrefois, car une ordonnance du ministère de la Police interdisait à toute charrette, fardier ou camion de circuler après 10 heures du matin, si ce n’est sur certaines voies réservées ». Donc Jules Verne imaginait les livraisons de nuit, sujet qui fait actuellement débat.

Il n’est pas allé jusqu’à imaginer un péage urbain …

Bien sûr, ce petit ouvrage plein d’anecdotes improbables et imaginaires cache pourtant des problématiques réelles et des solutions qui auraient pu, au moins partiellement, se réaliser ! Jules Verne savait au moins qu’une métropole, même transformée de façon imaginaire, nécessite une organisation logistique  performante,  en l’occurrence multimodale, en utilisant le fleuve et le fer.

Alors lisons et relisons Jules Verne! Nous y trouverons peut-être une inspiration pour les organisations logistiques de demain…