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Le secteur du transport et de la logistique est un des principaux secteurs de l’économie française. En intégrant le transport pour compte propre et les activités des entreprises, c’est 1,8 million d’emplois sur le territoire national. C’est aussi 34 000 entreprises de transport routier, longue distance, mais aussi transport régional.

Mais le transport, c’est d’abord un service.

L’histoire de certains groupes nous le rappelle.

A titre d’exemple, le SERNAM avait été créé en 1970 afin de répondre aux demandes, notamment des particuliers, de transport des bagages ou des colis, sans limite, puisque nous y trouvions des vélos, des meubles, des colis encombrants. Les trains de voyageurs disposaient d’un wagon permettant l’acheminement à travers le territoire, des colis des particuliers.  Il s’agissait donc d’un service aux particuliers et d’un modèle d’occupation partagée d’un moyen de transport de passagers, le train. Le Sernam a progressivement changé de modèle pour s’orienter vers le colis B to B, a supprimé le train et les dépôts en gares, qui constituaient son ADN. Le Sernam a disparu, n’ayant plus de service différenciateur.

La notion de service vient d’abord du besoin du client. C’est une notion de base du marketing. Un service sans client n’a pas de sens.

Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que la demande du client, pour ce qui concerne le transport, a évolué à une vitesse jamais connue jusqu’alors. Cette évolution est liée à l’évolution des modes de consommation, et notamment de l’e-commerce. Le livre « La logistique urbaine – les nouveaux modes de consommation et de livraison » Editions FYP explique de façon détaillée cette évolution.

Les services de transport en place, souvent des modèles industriels de distribution de marchandises, ne sont que partiellement adaptés aux demandes multiples et évolutives des clients, particuliers et professionnels. Modifier un process industriel déployé sur le territoire d’un pays, avec 50 ou 100 agences, constitue un projet de grande envergure, long et complexe.

Cette évolution de la demande client permet alors à des structures légères d’émerger, partant de modèles économiques différents de ceux des grands groupes.

L’époque actuelle du transport est sans aucun doute celle des startups, qui modifient les modèles fondamentaux du transport de marchandises. Quelques exemples.

La société Wing, créée il y a seulement 4 mois, est déjà une belle histoire. Le principe est simple. Il y a 25 000 nouveaux e-marchands tous les ans en France. Certains sont organisés pour leur logistique et le transport, mais une majorité de ceux-ci découvrent la réalité d’acheter des emballages, constituer des colis tous les jours, les remettre à un transporteur, négocier toutes les étapes, et faire en sorte que le colis soit expédié dans les délais promis au client. Wing va chercher chez l’e-marchand, partout en France et maintenant en Angleterre, les produits vendus, les emballe dans des ateliers sélectionnés et les expédie, tout ceci dans un délai garanti.

Le LAAS (Logistic As A Service) est inventé et place ainsi le service au cœur du transport.

Jean-Baptiste Maillant, co-fondateur de Win

Jean-Baptiste Maillant, co-fondateur de Wing

Sur ce concept qui correspond à la demande du client, Wing vient d’annoncer une levée de fonds de 1,2 million d’Euros.

La société DacOpacK, fondée il y a 9 mois, part du principe que de nombreux véhicules, tant de particuliers que de professionnels du transport, ont à un moment donné, ou parfois régulièrement, des capacités de vide. Le principe de DacOpacK est d’afficher sur une plate-forme ces capacités et de mettre en relation des particuliers, qui vont pouvoir utiliser à moindre coût ces capacités vides. Tout le monde est gagnant. Le véhicule de transport, particulier ou professionnel, peur optimiser son chargement et mieux rentabiliser son transport. Le particulier trouve une solution pour acheminer des produits, par exemple vendus sur Ebay ou Leboncoin, à travers le territoire, à des prix inférieurs à ceux de La Poste. En quelque sorte le Sernam 45 ans après…

dacopack

DacOpacK va totalement dans le sens de la loi sur la transition énergétique, qui prévoit, dans un de ses principaux articles,  d’inciter les solutions permettant d’augmenter le taux de remplissage des véhicules.

L’année 2016 est sans aucun doute l’année des startups du transport, avec le tout nouveau Start-Up Contest, lancé par la SITL afin de récompenser la start-up la plus innovante du transport. Il reste quelques jours pour participer à ce concours, le premier dustart-up contest genre pour le secteur du transport. La date limite des réponses est le 26 février !

Bonne chance à toutes les startups !

 

Élément incontournable du B to C ou du C to C, le colis constitue le dénominateur commun de la logistique.

Vendre un produit sur internet est simple. L’expédier est une toute autre aventure.

Le marchand, ou le particulier, confie son produit à un réseau industriel de transport. Ce colis va être manutentionné de nombreuses fois. Une fois lors de l’enlèvement. Une autre fois dans une agence départ, souvent dans un hub plus ou moins automatisé. Puis dans une agence de distribution, parfois dans un point relais ou un bureau de poste, et de multiples fois en cas de double ou triple présentation, en cas de retour ou de mise en souffrance.

Les transporteurs ont fait de nombreux efforts pour améliorer le soin qu’ils apportent à la manutention des colis. Nous avons pourtant tous en tête des images de colis écrasés, égarés, détériorés lors des opérations de transport.

Le soin qu’apporte l’e-marchand à bien tenir son entrepôt, à protéger ses produits, est parfois mis à mal dans la chaîne de transport, qui achemine ce produit dans un circuit de transferts multiples.

L’e-marchand, dans de nombreux cas et notamment lorsqu’il s’agit de produits fragiles, prend alors des précautions. Il choisit un carton de grande dimension, multiplie les calages à l’intérieur, avec papier froissé, film bulle, coussin d’air et autres ingéniosités permettant de protéger le produit vendu et faire en sorte que son client reçoive le produit dans de bonnes conditions. Le vendeur particulier va lui aussi utiliser tous les moyens à sa disposition, papier journal, polystyrène, carton, etc.

L’emballage est donc un problème en soi. A tel point que certaines start-ups, à l’instar de Shyp aux Etats-Unis, se sont spécialisées sur ce créneau d’emballage et d’expédition pour le compte d’e-marchands.

L’emballage, bien connu dans l’industrie, est un métier. Bien protéger le produit, mais aussi éviter les calages et cartons surdimensionnés, qui multiplient les coûts, les volumes transportés et augmente l’impact environnemental de la supply chain, constitue un enjeu majeur.

Quels sont les bons et les mauvais élèves ?

Les bons élèves sont certainement les e-marchands qui disposent de formeuses et machines d’emballage permettant le réglage du carton en fonction de la hauteur du produit. Ce réglage permet de supprimer, sauf pour des produits très fragiles, le calage intérieur et réduit le volume transporté. Il ne réduit pas de beaucoup le carton consommé, le carton étant généralement replié ou découpé. Ces machines ont été acquises par plusieurs e-marchands et prestataires, disposant de gros volumes d’expédition.

Cette réduction du volume transporté permet aussi de mieux négocier ses contrats de transport.

Le transport en enveloppes plastiques est adapté à des produits peu fragiles (vêtements par exemple) mais reste peu adapté dès lors que le produit ou l’emballage de vente présente un risque de fragilité.

De nombreux e-marchands, même parmi les plus grands, A..…, utilisent pour une part importante des colis préparés des cartons traditionnels avec calage. Ceci induit un surdimensionnement considérable,  mais aussi un coût environnemental et un volume inutile transporté qui n’est probablement pas calculé à sa juste mesure.

Colis Amazon et colis Happyview

Colis Amazon et colis Happyview

Un autre e-marchand, Happyview, spécialiste de la vente de lunettes sur internet, est certainement un des meilleurs exemples d’étude optimisée de l’emballage. L’étui à lunettes est conditionné sans calage dans un carton de seulement 16 cm x 8 cm x 8 cm, parfaitement adapté à la plupart des étuis à lunettes et qui entre facilement dans une boîte aux lettre. Les documents (ordonnance, facture, publicité) sont utilisés pour caler l’étui dans son carton. Pas de calage, un carton parfaitement optimisé, nous sommes dans une situation parfaitement maîtrisée et optimisée.

L’optimisation de l’emballage présente de nombreux avantages. L’e-marchand réduit son coût d’achat d’emballages et supprime le coût de calage. Le temps de préparation de commandes est réduit. Le colis rentrant dans de nombreuses boîtes aux lettres, l’échec à la livraison est également diminué. Le faible volume des colis permet de mieux négocier ses prix de transport. Enfin, l’impact environnemental du colis individuel est réduit.

La situation d’un étui à lunettes standardisée est probablement plus simple à gérer que le conditionnement de produits alimentaires, de décoration, de design ou d’électronique. Cet exemple montre cependant que la gestion parfaite du conditionnement d’expédition permet d’optimiser la supply chain du dernier kilomètre.

La disparition de Mory, le plan social chez Gefco et maintenant la vente imprévue de Norbert Dentressange à XPO, tant d’annonces qui témoignent d’une évolution profonde et rapide du monde du transport et de la messagerie en France.

Le groupe XPO, acheteur de la forteresse Norbert Dentressangle, mérite une attention particulière. C’est en effet le spécialiste du dernier kilomètre de produits volumineux. Il y a fort à parier que ce savoir-faire, dont ne dispose pas totalement ND en France, complètera bientôt le catalogue des prestations de ce groupe. Livrer des produits électroménagers ou mobiliers à des particuliers ou à des entreprises constitue un métier bien spécifique, qui est celui de XPO, qui se présente comme le n°1 de ce secteur en Amérique du Nord. Ce segment de marché est en croissance et rares sont les intervenants qui ont développé ce savoir-faire.

Une des autres spécialités de XPO est le transport intermodal.

Petit clin d’œil de l’histoire, le génie de Norbert Dentressangle a été de miser dès 1978 sur les échanges avec la Grande Bretagne, à une époque ou peu nombreux étaient ceux qui imaginaient son ouverture rapide vers l’Europe. Le dernier kilomètre n’a pas été le fer de lance de ce groupe, qui s’est développé sur la longue distance, la messagerie palettisée, la logistique.

Mais cette annonce qui réduit encore un peu le nombre d’intervenants Français de taille internationale dans le transport de marchandises, n’est pas la seule à marquer cette semaine habituellement calme.

Cette semaine est aussi celle d’un abandon. L’Autoroute Ferroviaire Atlantique, projet soutenu par l’ancien ministre des transports Frédéric Cuvillier, qui devait relier Lille (Dourges) à Bayonne (Tarnos) avait pour objectif de participer à la transition énergétique et visait à réduire le nombre de camions sur cet axe européen majeur. L’objectif était de transporter dès 2016 pas moins de 85 000 camions par an sur cette voie ferroviaire reliant la Belgique à l’Espagne. Le matériel devait être fabriqué par l’entreprise française Lohr. Nombreux sont ceux qui croyaient en cette autoroute ferroviaire, le pendant Ouest de l’autoroute Perpignan-Luxembourg.

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Comme c’est souvent le cas lorsqu’un projet est abandonné, on met en avant des tracés inadéquats, des impacts sur la population, le coût. Quelles que soient les raisons de cet abandon, c’est sans aucun doute un signe inquiétant à quelques mois de la conférence COP 21.

Il est dommage que les projets d’infrastructure ferroviaires ayant pour objectif de réduire le nombre de camions sur nos autoroutes, et donc l’impact carbone, ne soient pas considérés comme prioritaires.

La vraie raison n’est-elle pas alors l’absence de financement, qui fait peut-être défaut après l’autre abandon, celui de l’écotaxe ?

L’exemple de la loi sur la transition énergétique nous montre, une fois de plus, que la difficulté  n’est pas de voter la loi, mais de l’appliquer. Elle nécessite en l’occurrence un courage politique, un choix d’investissements dans des infrastructures ferroviaires, des canaux, des moyens nouveaux de transport des marchandises.

C’est à ce prix que nous pourrons peut-être un jour voir le nombre de camions sur nos routes diminuer.