La logistique urbaine a pour objectif de réduire les impacts environnementaux du transport en milieu urbain : émissions de gaz à effet de serre, émissions de polluants locaux, accidentologie, bruit, congestion…

Ces sujets font l’objet, quotidiennement de multiples annonces. Essayons de décrypter le vrai du faux.

La pollution dans les villes est un phénomène récent 

Faux. La pollution locale dans les villes européennes est très ancienne. Le premier traité sur la pollution de l’air a été rédigé par John Evelyn en … 1661. Au 19ème siècle, les villes étaient beaucoup plus polluées que de nos jours, du fait du charbon. L’air autour des gares parisiennes était irrespirable. Les tableaux de l’époque montrent des paysages de cheminées et de fumées d’usines. Chemin de fer, usines et chauffage étaient à l’origine d’un smog au-dessus des grandes villes industrielles.

« Du vaste ciel, couleur de plomb, tombait le deuil d’une brume épaisse. Tout l’est de la ville, les quartiers de misère et de travail, semblaient submergés dans des fumées roussâtres, où l’on devinait le souffle des chantiers et des usines. » Zola, Paris, 1897

Mais de nos jours, nous mesurons les émissions de particules fines, PM 10 (particules inférieures à 10 microns) ou PM 2,5. Qu’en est-il ? Les données publiées par le CITEPA, qui analyse sur le territoire français l’évolution des différents polluants, sont très claires. Entre 1990 (année de référence) et 2019, les émissions de PM10 en France ont diminué de moitié, même un peu plus. Cette diminution est expliquée par la quasi-suppression d’émissions de polluants provenant du secteur énergétique, la baisse sensible des émissions dans le secteur résidentiel et dans les transports. Pour ce qui concerne les transports, la baisse des émissions de PM10 des VUL et PL a été de 68%. Ceci est notamment dû à l’amélioration des motorisations et au renouvellement du parc.

Ce qui diffère par rapport à l’époque passée, c’est que nous mesurons l’impact de ces polluants locaux sur la santé des habitants. 400 000 morts prématurés en Europe du fait de la pollution locale, dont 48 000 en France. Il y a donc un enjeu à continuer, et si possible accélérer la réduction des émissions des polluants locaux générés par le transport de marchandises, notamment les VUL en milieu urbain.

La France respecte l’accord de Paris sur le climat 

Faux. L’accord de Paris sur le climat prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à l’année de référence, 1990, d’ici 2030, donc dans moins de 10 ans. Où en sommes-nous ? Si les émissions globales de la France ont baissé d’environ 15%, ce qui semble être une tendance positive, nous constatons que c’est essentiellement dû aux émissions provenant des industries manufacturières, du fait de la délocalisation industrielle.

Pour ce qui concerne les émissions générées par les transports, elles sont passées de 1990 à 2019 de 121 MT CO²e à 131 MT CO²e. Elles ont donc augmenté. A l’intérieur de ce segment, les émissions produites par les VUL, qui évoluent essentiellement en milieu urbain, sont passées de 18,8 MT à 26 MT. Elles ont donc augmenté sur la période de près de 40 % !

L’année 2020 a été, en France, l’année la plus chaude depuis 1900, avec une température moyenne de 14,07°C.

Il est donc urgent de faire des efforts pour réduire l’impact GES de la livraison urbaine.

Les embouteillages sont un phénomène récent

Faux. Ils ont toujours existé… Dans les années 1950, les embouteillages à Paris étaient importants et réduisaient la productivité des transporteurs, qui s’en inquiétaient déjà…

Mais ce qui a changé, c’est le lieu de ces embouteillages. Ils sont maintenant essentiellement situés sur les rocades urbaines des agglomérations et les grands axes pénétrants. En 2019 (source Tom Tom), 163 heures sont perdues par an par chaque automobiliste. Mais aussi par chaque livreur.

La livraison urbaine participe à la congestion, du fait de la circulation et du stationnement, trop souvent en double-file. Mais elle est aussi pénalisée par cette congestion, provoquée notamment par la place accordée à la voiture individuelle et à l’étalement urbain des métropoles.

Il est donc important de faire des efforts pour mieux consolider les livraisons mais aussi pour permettre à la livraison d’être plus fluide, plus efficace.

Bonne année 2021 à toutes et à tous !

Vous pouvez accéder à notre carte de vœux en cliquant sur ce bouton :

L’année 2020 s’achève et nous essaierons de l’oublier vite. Pourtant, nombre d’entreprises ont redoublé d’imagination et d’initiatives pour faire face à la situation. Les modèles ancrés depuis des années et des décennies sont remis en cause. Comme chaque crise, ces remises en cause sont à l’origine de nouveaux modèles qui, pour certains d’entre eux, perdureront au-delà de la période actuelle.

Concentrons-nous sur quelques start-ups qui ont su, en 2020, réagir et profiter pleinement de ces transformations profondes de la logistique urbaine et du dernier kilomètre. Il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive. Les nombreuses startups qui font un travail exceptionnel et qui n’ont pas été citées nous en excuseront. Le choix est donc totalement personnel et subjectif !

  • HIPLI

Face à une croissance ininterrompue du e-commerce, un des problèmes qui apparait est celui de l’emballage. Souvent surdimensionné par rapport au produit expédié, et générant une consommation de carton et de calage, l’emballage devient un sujet essentiel d’une maitrise sur le long terme de l’e-commerce. Hipli, en s’inspirant de modèles des pays nordiques, innove en inventant l’emballage e-commerce réutilisable 100 fois. Lauréat des trophées de la mode circulaire et de la french IoT 2020, Hipli a aussi présenté sa solution lors du Pitch Startup de Retail Chain 2020. Hipli sera sans nul doute une des startups qui aideront à faire évoluer l’e-commerce vers des pratiques plus vertueuses.

  • K-RYOLE

Lancé en 2016, la remorque à assistance électrique K-Ryole a été primée à de très nombreuses reprisés. Choisie par Bouygues Construction pour le transport de matériel sur les chantiers, la remorque K-Ryole a récemment été acquise par Dott pour le transport de trottinettes et par Stuart pour les livraisons à domicile au départ de Monoprix. Fabriquée en France, cette remorque s’accroche sur un vélo normal, avec ou sans assistance électrique. Elle peut aussi être utilisée pour la livraison à pied.

  • LE DRIVE TOUT NU

Surfant sur le succès du drive, qui permet de limiter les contacts et gagner du temps dans les achats du quotidien, le Drive tout nu, innove en inventant le drive zéro déchets. Tout l’inverse du drive de la grande distribution, caractérisé par une surconsommation de sacs plastiques et de suremballage. Le drive Tout nu permet de simplifier les achats en vrac et a lancé en 2020 un réseau de franchises. Fondé en 2018 près de Toulouse, le drive tout nu prévoit 15 ouvertures dans les 3 ans.

  • EBIKES4AFRICA

Basée en Namibie, cette startup soutenue par la fondation Solar Impulse a pour projet de développer des solutions de cyclologistique en Afrique. Elle propose des solutions de vélocargos et des installations solaires afin d’apporter une solution globale de transition énergétique. Ebikes4Africa a été mis à l’honneur lors du pitch startup de Movin’on 2020 digital.

  • ONO

Lauréat du concours de startups de Movin’on 2020, la société allemande Ono est le concepteur d’un vélocargo révolutionnaire. Son design futuriste le distingue des autres vélocargos. Le vélocargo ONO est équipé d’une caisse amovible de 2 m3 / 220 kg de charge et a une autonomie de 80 km avec 2 batteries. Ono a levé en 2020 3 millions € et prévoit 200 véhicules en service dans les 6 mois. Nul doute que cette start-up berlinoise fera partie des concepteurs de vélocargos qui compteront dans les prochaines années.

  • OLVO

Les dérives sociales du dernier kilomètre imposent d’inventer de nouveaux modèles. Olvo innove en apportant une solution à contre-courant de l’uberisation. Coopérative de cyclo-logistique, elle a réussi à gagner la confiance de grands groupes comme Ikea, U express ou La Ruche qui dit Oui. Les livreurs sont des salariés et assurent des tâches multiples. En Juin 2020, Olvo a lancé une plateforme de livraison de repas https://resto.paris/fr/, dont la commission n’est que de 15% pour la livraison (la moitié de ce que prélèvent les plateformes habituellement) et 1% pour le click & collect.

  • PICKME

Un des problèmes de la livraison e-commerce est l’absence du particulier lors du passage du livreur. Une des solutions pour palier à cette difficulté est de livrer chez un voisin. C’est ce que propose la startup Pickme, qui a été lauréate des Trophées e-commerces 2020, catégorie Supply Chain. Pickme avait participé au pitch startup de WorldClass logistics, en décembre 2019.

  • CITIBOX

La startup espagnole Citibox, qui équipe les résidences de consignes à colis, arrive enfin en France ! Le principe consiste à équiper les immeubles, ou des groupes d’immeubles de boîtes à colis. Les transporteurs avec qui Citibox aura mis en place des accords pourront alors déposer les colis dans ces boîtes mutualisées entre les habitants de l’immeuble. 2021 sera l’année de démarrage de Citibox en France. Une solution pour simplifier le service de retrait de colis pour les habitants urbains mais aussi de supprimer l’échec à la présentation du livreur, qui représente un coût élevé pour les transporteurs.

  • LIZEE

Lauréate du challenge Start me up KPMG / Fevad, Lizee est une start-up qui propose une solution de plateforme de location en mode Saas.  Elle a comme objectif d’industrialiser la réutilisation des objets. Il s’agit de proposer aux distributeurs une solution de gestion de la location comprenant la logistique. Il s’agit alors d’aider au développement d’un modèle de fast fashion « écolo », permettant aux utilisateurs de changer souvent de vêtements, sans en acheter de neufs. Une solution basée sur la performance logistique. Lizee a déjà convaincu Decathlon et les Galeries Lafayette.

  • WI PHARMA

Choisie par le Lab de Cdiscount en 2020, Wi Pharma est une solution collaborative permettant à des bénévoles et à des voisins solidaires d’effectuer du portage de médicaments. Le modèle est fondé sur une communauté d’entraide, qui rend service à ses voisins. La cible est prioritairement constituée des personnes âgées. Contrairement aux autres formes de livraison du dernier kilomètre, la rémunération du livreur n’est pas le levier principal mais l’entraide de quartier, une valeur à redécouvrir au travers des périodes difficiles vécues en 2020.

Bonne fin d’année à tous !

Qu’avez-vous manqué cet été comme événements concernant la logistique urbaine et le dernier kilomètre ?

Le confinement fait partie du passé, du moins espérons-le. La vie a repris malgré les mesures sanitaires et de distanciation, qui resteront encore présentes dans notre vie quotidienne probablement assez longtemps.

  • Des élus en charge de la logistique urbaine

Les élections ont eu lieu et, grande nouveauté, plusieurs villes ont décidé de mettre la logistique urbaine au premier plan, en mentionnant cette fonction parmi les attributions confiées à un ou une adjoint(e). Il faut alors les féliciter. C’est ainsi le cas à

Cannes, Marie Pourreyron est adjointe en charge de la mobilité, à la circulation, au stationnement, à la logistique urbaine et aux livraisons

Nice, Gaël Nofri est adjoint Délégué à la Circulation et au Stationnement, et à la logistique urbaine

Lyon, Valentin Lungenstrass est adjoint en charge de le Mobilité – Logistique urbaine – Espaces publics.  Jean-Charles Kohlhaas est vice-président de la Métropole délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine

Rennes, Matthieu Theurier est conseiller délégué à la logistique urbaine.

Avignon, Fabrice Martinez Tocabens est adjoint Délégué à la ville apaisée et respirable (mobilités, circulation, stationnement, logistique urbaine)

Mérignac, Jean-Louis Couronneau est conseiller municipal délégué aux mobilités douces et à la logistique urbaine ;

Cette liste n’est pas exhaustive mais montre que, progressivement, la logistique urbaine, problématique transverse, trouve sa place dans les conseils municipaux et métropolitains.

  • La transformation du commerce s’accélère

L’été a connu son lot de fermetures annoncées de magasins d’enseignes d’habillement ou d’équipement de la maison.

Certains s’en étonnent. Pourtant, tout cela était prévu et ce n’est vraisemblablement que le début d’une transformation plus profonde de secteurs dont les produits sont souvent perçus comme superflus. Non, le responsable n’est pas le confinement. Nous voyons 3 raisons principales :

    • Pendant 20 ans, nous avons construit trop de surfaces commerciales. Celles-ci se sont accrues au rythme de 3% par an alors que le PIB n’augmentait que de 1,3%. Il y a donc une suroffre commerciale naturelle.
    • Les secteurs touchés sont les moins écologiques. Fondés sur des modèles d’importation en provenance de pays à bas coût et de marges multiplicatrices, certains consommateurs, de plus en plus nombreux, refusent tout simplement ce modèle d’hyper-consommation énergivore.
    • L’e-commerce grignote progressivement les parts de marché de ces groupes.

  • Les surfaces commerciales pourraient retrouver une nouvelle vie avec l’e-commerce

Une des principales nouvelles de l’été, c’est l’annonce de discussions engagées par Amazon pour reprendre des surfaces commerciales abandonnées par des enseignes en difficulté, comme JC Penney ou Sears. Ces magasins deviendraient alors des fulfillment centers.

Bien sûr, certains verront là une dégradation du niveau d’emploi et d’attractivité de ces sites. Mais mieux vaut probablement des sites e-commerce que des friches commerciales. Ce qui est probable, c’est que l’intervention publique pour réoccuper ces friches, qui seront de plus en plus nombreuses, sera nécessaire.

  • La multimodalité en logistique urbaine est strasbourgeoise !

A Strasbourg, VNF et la société ULS ont mis en place un service combinant transport fluvial et vélocargos. Une initiative à suivre. Ce service cible la livraison de colis, mais aussi de boissons pour le réseau CHR et la collecte de déchets propres.

  • La RATP partage ses espaces !

La RATP a lancé un appel public à concurrence afin d’accueillir des activités de logistique urbaine dans 7 espaces, dont 4 dans Paris intramuros. Ces espaces en grande hauteur, ce qui constitue un luxe pour la logistique urbaine, sont partagés avec le stationnement des bus. Ils sont libres de 7h à 20h, permettant à des opérateurs d’effectuer des opérations de tri et distribution urbaine pendant cette période, du lundi au samedi. Il s’agit là d’une opportunité exceptionnelle pour exploiter des surfaces dans Paris.

  • Relais Colis transporte des bagages

Contrairement au Japon, qui dispose d’un réseau de transport de bagages dans tout le pays, ce service est quasiment inexistant en France. Relais Colis a décidé de proposer une offre d’acheminement des bagages sur le lieu de vacances. Une bonne nouvelle pour ceux qui rêvent de voyager léger !

  • La région Ile-de-France sélectionne 22 projets de logistique urbaine

Dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI), la région a décidé de soutenir 22 projets. Parmi ceux-ci, Logicités et Mauna Consulting ont été choisis pour mettre en œuvre une plateforme numérique des arrêtés de circulation marchandises. Il s’agit là d’un préalable avant d’envisager une simplification de ces arrêtés et une homogénéisation des règles.

  • Les robots de livraison se testent

Au Japon, Japan Post et Yamato vont tester à Tokyo 2 véhicules autonomes DeliRo, réalisés par l’entreprise japonaise ZMP. Ces tests préfigurent une modification de la réglementation. Les enjeux sont énormes, notamment de faire face à la carence de livreurs du dernier kilomètre, mais aussi de respecter les mesures de distanciation.

Cet été, le fabricant français TwinsWheel a testé à Montpellier, en partenariat avec la société SEV, un droïde d’une capacité de 1 m3.

droide TwinsWheel opéré par Service Ecusson Vert (crédit Photo TwinsWheel)

  • La chaîne Youtube Logicités vous informe !

La chaîne Youtube Logicités, créée pendant le confinement, publie déjà 16 vidéos. N’hésitez pas à les consulter et vous abonner. De nouvelles vidéos sont en préparation.

Bonne rentrée logistique urbaine à tous !