2013-09-27 11.01.00

Un des principes les plus reconnus d’amélioration de la distribution des marchandises en ville est la consolidation des flux. Si le principe est simple, il n’en est pas de même des conditions de réussite.

Le principe est simple et logique. Si l’on s’intéresse à des sites géographiques très concentrés et denses en activité commerciale, comme des quartiers piétons, des centres commerciaux, des quartiers tertiaires, pourquoi ne pas regrouper tous les flux et permettre à un opérateur de distribuer de façon rationnelle l’ensemble des destinataires ?

C’était d’ailleurs, dans les années 1960, la raison d’être des gares routières. Le principe a été structuré, formalisé dans les années 1980 et a connu des réalisations dans de très nombreux pays, du Japon à la Scandinavie, en passant par les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne, avec des niveaux de réussite assez variables.

D’une façon théorique, acheminer les flux vers un point proche de la zone urbaine dense, organiser des tournées multi-transporteurs vers des quartiers ou des rues très denses, permet sans aucun doute de réduire le nombre de véhicules et donc les externalités négatives provoquées par le transport de marchandises. Qui plus est, si le dernier kilomètre est effectué avec des véhicules moins polluants (électriques, cargocycles par exemple), le fonctionnement est très pertinent et vertueux pour la collectivité.

Dans la pratique, les obstacles sont nombreux. La rupture de charge représente un surcoût et est à l’origine de risques sur le délai, la sécurité. Les transporteurs sont souvent réticents à sous-traiter à un autre transporteur la livraison finale, en regroupant leurs propres flux avec ceux de leurs concurrents. Comment est assurée la traçabilité, le suivi de la qualité de livraison, l’image de l’entreprise. Qui paie le surcoût du CDU ? Un autre obstacle est l’immobilier. Il est nécessaire de trouver un espace bien situé, proche de la zone urbaine dense et à un coût raisonnable.

De nombreuses questions qui amènent à rappeler les principaux critères de réussite d’un CDU :

1)      Une volonté publique très forte, affichée par des avantages précis accordés au CDU ou à ses utilisateurs (horaires, utilisation de voies de bus par exemple, stationnement, etc…) et une réglementation contraignante et appliquée ;

2)      Une adhésion des transporteurs, mais aussi et surtout des commerçants ou destinataires ; on ne peut pas imposer un CDU.

3)      Un opérateur neutre, non concurrent direct des professionnels ;

4)      Une aide financière publique, au moins pendant la période de montée en charge. Un CDU représente un surcoût. Cette aide peut par exemple s’exercer sur le coût de l’immobilier ou la mise à disposition de celui-ci.

L’immobilier est un outil indispensable mais ne nous égarons pas ! Les besoins sont très simples. Quelques centaines de m² ou un espace de transit, utilisé quelques heures par jour, peuvent parfaitement suffire à la bonne gestion du projet, s’il n’est utilisé que comme CDU de transit, sans stockage. Il peut tout à fait s’agir d’un immeuble mutualisé, simple. A titre d’exemple, dans de nombreuses villes, la diminution significative des volumes de courrier rend disponible certains espaces utilisés par la Poste, souvent particulièrement bien localisés. Ne pourrait-on pas imaginer des synergies permettant d’utiliser ces espaces comme CDU ?

photo QueneauPassionné de l’histoire de Paris, Raymond Queneau, de 1936 à 1938, publiait quotidiennement 3 questions sur l’histoire de Paris dans l’Intransigeant, journal de l’époque.

Parmi ces nombreuses questions, j’en ai trouvé un certain nombre qui intéresseront les spécialistes de la logistique urbaine et de Paris…

1) Que prétendent représenter les deux fontaines de la Place de la Concorde ?

Ces deux fontaines représentent la navigation fluviale et maritime.

Une prédestination pour la Place de la Concorde, haut lieu de la logistique urbaine grâce à Chronopost.

2) A quelle époque fut créé le canal Saint-Martin ?

Il fut ouvert à la batellerie en 1825.

Bientôt 190 ans !

3) Quelle est la voie de Paris la plus étroite ?

Le passage de la Duée (20ème), large de 0,90 m.

Pas simple à distribuer, même en cargocycle !

4) D’où vient le nom de Grenelle ?

Grenelle, c’est-à-dire « petite garenne », était une exploitation agricole. Les terrains furent lotis en 1823. Grenelle fut annexée à Paris en 1859.

Et 150 ans après un espace logistique urbain !

5) Il y a à Paris deux passages des Epinettes. Où se trouvent-ils ?

L’un dans le 14ème, 76 boulevard du Montparnasse et l’autre dans le 17ème, 25 rue des Epinettes.

Un piège pour le transporteur le plus avisé !

6) A quelle époque a-t-on systématiquement mis leur nom au coin des rues ?

en 1728.

On s’y retrouve enfin pour livrer à Paris !

7) A quelle époque eurent lieu les premières distributions d’eau à domicile à Paris ?

C’est le 14 juillet 1782 que fut inaugurée la première distribution d’eau à domicile à Paris. L’eau était prise dans la Seine.

Déjà la livraison à domicile !

8) Quelle est la rue qui change de nom du côté des numéros pairs tandis qu’elle poursuit son cours du côté impair pendant plus de 38 numéros ?

La rue de Rivoli.

Heureusement qu’on a inventé le GPS !

9) Quand fut inauguré à Paris le premier tramway à vapeur ?

C’est en 1889 que fut inaugurée la première ligne de la place de l’Etoile à Saint-Germain.

5 ans après seulement, Paris avait son premier tramfret avec l’Arpajonnais !

10) A quelle époque furent supprimés les péages sur les ponts de Paris ?

en 1847.

Une idée pour remplacer l’écotaxe ?

11) De quand datent les premiers tramways à Paris ?

La première ligne à traction animale date de 1854. Elle allait du Pont de Sèvres à la Concorde.

Une bonne idée pour une ligne de tramfret ?

12) A quelle époque disparurent à Paris les porteurs d’eau ?

Les derniers porteurs d’eau « à tonneau » disparurent en 1872.

La logistique à pied n’a pas disparu pour autant !

13) Quel est le grand magasin qui a été construit par Eiffel ?

Le Bon Marché.

Un excellent cas de logistique urbaine !

14) Combien y avait-il d’automobiles à Paris en 1903 ?

18 000 automobiles sur un total de 90 000 véhicules.

Nous en avons actuellement 716 000 sur un total de 847 000.

Lisez et relisez ce superbe petit livre qui regorge de devinettes toutes aussi amusantes et intrigantes les unes que les autres. Mieux qu’un Trivial Pursuit !

Même si la logistique urbaine est une science nouvelle, elle doit prendre en compte l’histoire des villes, leurs caractéristiques et leur contraintes.

Alors, comme Raymond Queneau, apprenons à connaître nos villes pour mieux les organiser !

DSC_0046Nous connaissons depuis longtemps les autobus ou camions d’enlèvement des déchets fonctionnant au GNV. 2600 bus et 1000 bennes à ordures ménagères fonctionnent avec cette énergie. C’est également le cas de certaines voitures particulières ou véhicules utilitaires légers. Pour ces derniers véhicules, c’est plutôt le GNL (forme liquéfiée à -160°C) qui a été développée, ceci depuis longtemps.
Cette énergie est moins connue pour des véhicules poids lourds de distribution urbaine. Et pourtant, elle présente de nombreux avantages.
Le premier avantage du Gaz Naturel de Ville (gaz comprimé à 200 bars), par rapport au diesel, est la quasi absence d’émissions de particules. Ce sont ces particules qui constituent la pollution visible dans une agglomération, qui est notamment à l’origine des pics de pollution. Les études montrent que les véhicules de livraison comptent pour environ 30% dans les émissions de particules provenant de l’ensemble des véhicules. C’est donc tout à fait significatif.
Le second avantage, moins visible, mais tout aussi important, est une réduction des émissions de CO², de l’ordre de 25% pour du gaz naturel et de 97% pour du biométhane.
Un autre atout du GNV. Les motorisations sont globalement moins bruyantes.
Pour des véhicules poids lourds, nous disposons généralement d’une autonomie de l’ordre de 250 km, soit 2 fois plus que pour un poids lourd électrique.
Pour certaines typologies de véhicules, le GNV est une bonne solution, permettant de gérer des tournées de distances significatives.
Mais alors pourquoi seulement quelques flottes comme celles de Monoprix, Point P ou Castorama ont été mises en service ?
Un des freins est aujourd’hui le coût des véhicules. Les fabrications en très petite série sont probablement à l’origine de ce coût élevé.
Un autre obstacle visible : les stations-service de GNV sont très rares. Si le conducteur doit faire un détour important pour s’approvisionner, il ne retrouve pas directement un gain significatif.
Si la sortie progressive du diesel est bien un enjeu de société, et cela semble être le cas, il est urgent de développer une filière de production de véhicules GNV, avec un coût d’achat compétitif pour les opérateurs. Il est également essentiel qu’un réseau de stations publiques de GNV soit réalisé dans toutes les grandes agglomérations. On ne peut pas exiger d’un opérateur de prendre le risque de véhicules plus chers et d’investir dans une station.
Le développement de la filière du biométhane est également un enjeu essentiel.
Enfin, et c’est là un des rôles des autorités publiques, l’opérateur qui fait le choix de véhicules « propres » doit avoir des avantages par rapport aux autres. Ces avantages peuvent être des avantages fiscaux, des horaires de livraison élargis, l’utilisation à certaines heures des voies de bus, et bien entendu le fonctionnement garanti en cas de mise en place de circulation alternée !
La volonté gouvernementale « d’en finir avec le diesel » implique des vraies mesures et initiatives publiques afin de créer une filière. Aujourd’hui, nous avons des pionniers. Nous devons maintenant passer des expérimentations à la mise en place à grande échelle.